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Les zombies de l'État providence



Les zombies se multiplient

J'ai bénéficié durant une partie de ma vie des largesses de l'État providence et il peut paraître bien ingrat de le critiquer aujourd'hui. D'un autre coté je peux en parler en connaissance de cause.

Il y a de bonne raison de penser que l'État providence est devenu un danger, y compris pour ses bénéficiaires

L'économie est le moteur de nos sociétés et son carburant est la créativité et les qualités morales des individus. J'appelle ce carburant "énergie spirituelle". C'est une énergie potentiellement inépuisable mais qui nécessite d'entretenir le sens de la responsabilité de chacun.

En caricaturant, une personne qui perd la source de l'énergie vitale devient un mort-vivant, et ça n'est pas pour rien que le personnage du zombie est si populaire aujourd'hui.


Du sociétaire à l'allocataire

L'État providence agit sur les sociétaires comme un virus qui sape leur énergie vitale et se répand de proche en proche.

Lorsque un sociétaire reçoit une allocation sans contrepartie, il cesse de puiser dans ses ressources naturelles de bonne volonté. Il n'a plus à faire appel à une saine discipline, il n'a même plus à se comporter respectueusement envers ceux qui pourvoient eux-mêmes à leurs besoins sans l'aide de l'État.

J'ai connu cette situation et je me rappelle mon désarroi de n'avoir aucune raison de gagner ma vie. Je n'étais ni tiré vers le haut, ni poussé par la nécessité. L'effet est dévastateur sur un jeune, surtout si sa scolarité et son éducation ne lui ont pas donné le gout de l'effort.

Le sociétaire devient un allocataire. Il n'est pas porté à remettre ne question l'État providence. Son mode de vie épuise progressivement sa propre énergie spirituelle. Et par contagion, il devient un poids pour son entourage et épuise l'énergie de son conjoint ses amis, ses enfants.


Les sources d'énergie spirituelle

Cette énergie spirituelle perdue est compensée par celle apportée par les personnes qui ne sont pas allocataires et possèdent un accès à la vie spirituelle. Ces personnes se font une fierté de ne pas dépendre de l'État et fournissent par leur travail ou leur exemple de vie moins matérialiste, des ressources aux allocataires.

Je note que le travail rémunéré n'est pas la seule forme d'énergie spirituelle. En effet, on va le voir, une personne qui est tournée vers l'esprit et non vers la matière, même si elle ne travaille pas, consommera moins de ressources et incitera ses proches à se contenter de peu.

Cela est possible même si la personne ne travaille pas ou travaille peu ou s'investit bénévolement dans le milieu associatif.


Les conséquences individuelles

La sagesse occidentale décrit être humain équilibré est ordonné suivant trois niveaux de vie : la vie biologique est harmonisée par la vie psychologique qui est stabilisée par la vie spirituelle.

Lorsqu'une personne est alignée avec sa nature humaine profonde, ses besoins psychologiques et matériels sont moins nombreux.


A l'inverse, une carence en spiritualité entraîne une sensation désagréable de vide intérieur, la personne va rechercher des compensation dans les deux autres niveaux de vie.

Dans le niveau biologique avec des excès en tout genre : boisson, nourriture, tabac et autres substances, sommeil, stimulation génitale.

Dans le niveau psychologique, l'individu va se tourner vers la recherche de sensations fortes, les plaisirs psychologiques. Il va s'agir d'excès de sentimentalité, d'excès de parole, de soin de l'apparence et de l'apparat. Il souhaite 'en imposer' par l'aspect extérieur et visible de son existence. De nos jours ces phénomènes sont reportés sur les univers virtuels : jeux vidéos et réseaux sociaux.


Conséquences collectives

Par l'impôt, l'énergie spirituelle des sociétaires se déverse chez les allocataires. Est-ce que cette situation est durable ?

Dans un sens elle l'est du côté des sociétaires car l'énergie spirituelle semble ne pas avoir de limites. Elle se renouvelle à mesure que le sociétaire y fait appel, par des dispositions morales appropriées.

Par contre, du côté des allocataires, la situation n'est pas la même. Une fois coupé des sources de l'énergie spirituelle, il est difficile de se reconnecter. Les sources de l'énergie sont les valeurs et les vertus que les allocataires ne peuvent plus développer dans leur situation d'assistanat.


Pas facile d'être un zombie !


Point de blocage

La survie de l'État providence devrait être lié à la proportion entre sociétaire et allocataire, et à la capacité de pouvoir passer d'une catégorie à l'autre.

Si un sociétaire devient pour un temps un allocataire, la quantité d'Énergie (et d'argent) diminue. Pour se maintenir, l'État providence doit inciter les allocataires à devenir des sociétaires. Mais le peut-il ?

Il ne peut pas compter sur les ressources biologiques ou psychologiques qui sont épuisées par le besoin de compensation qu'on a évoqué lorsqu'un individu est coupé de la spiritualité. Les allocataires deviennent plus facilement dépendants ou malades.

Et si l'allocataire nie l'existence du niveau spirituel, il ne lui reste aucune voie vers l'autonomie. Il est incapable des deux seules démarches qui pourraient refaire de lui un sociétaire :

  • diminuer ses besoins physiologiques et psychologiques

  • augmenter ses ressources par un travail non qualifié.


Un travail de zombie

Le travail non qualifié est souvent la seule activité qui soit disponible à une personne qui ne possède aucune vie spirituelle.

En effet la vie spirituelle commence avec l'exercice d'au moins une vertu, par exemple la persévérance dans l'effort, la rigueur, l'honnêteté.

Chacune de ces vertus permet d'accéder à un emploi peu qualifié, et plus on possède de ces vertus, plus on est capable d'occuper un poste à responsabilité.

Et ce poste sera éventuellement mieux rémunéré, mais surtout mieux considéré moralement. Et cette considération morale est une forme de rémunération au plan spirituel.


Mettre fin à l'épidémie

J'ai eu la chance d'avoir des amis bienveillants qui m'ont fait comprendre qu'il n'est pas normal de rester dans l'assistanat.

Ce qui m'a surpris c'est à quel point il a été facile de trouver du travail à chaque fois que j'ai fait l'effort d'en chercher. C'est lorsqu'on est menacé qu'on trouve en nous les ressources pour s'en sortir, qu'on exploite le moindre avantage, qu'on accepte le moindre petite boulot.

De petit boulot en petit boulot, j'ai pu bénéficier de formations, j'ai évolué, j'ai rechuté, puis je me suis relevé.

J'ai côtoyé d'autres zombies et j'ai vérifié que ce qui fait la différence entre un précaire qui s'en sort et les autres, ce sont ses qualités morales : ponctualités, responsabilité, respect des engagements, capacité à dire non parfois.

Pour mettre fin à l'épidémie de mort sociale, il faudrait qu'une personne bienveillante nous fasse comprendre qu'il n'est pas normal de rester dans l'assistanat. Et si ça ne suffit pas, il faudra mettre fin aux allocations.

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