La droite conservatrice a pris acte des découvertes récentes pour renouveler sa doctrine, réconcilier la morale et l'économie et remettre l'Église au milieu du village. (image Pixabay)
En France la droite conservatrice a mauvaise presse. Cependant dans plusieurs démocraties occidentales les conservateurs parviennent à nouveau à faire retentir la clameur populaire et accèdent à la respectabilité médiatique à l'aire des réseaux sociaux.
Aux États-Unis, au Brésil, en Hongrie, en Pologne, les conservateurs se retrouvent au pouvoir et s'y maintiennent durablement, imposent leurs sujets, leurs idées, leur vision du monde. Du point de vue de leurs électeurs, ils rétablissent la performance de l'économie, restaurent la sécurité et la justice, améliorent la santé et l'éducation de leurs enfants.
Cette vague est en train de déferler sur la France et les médias la décrivent avec les catégories qui sont celles de la pensée politique française. Les conservateurs sont vus comme des nationalistes, des populistes, des nostalgiques, des militants d'extrême droite. Leur victoire dans d'autre pays est vue comme une régression, une atteinte aux droits humains, une défaite de l'état de droit.
Avec un tel prisme il est difficile d'analyser ce qui fait la force et la pertinence de la proposition conservatrice face aux erreurs des politiques social-démocrate.
Nous vous proposons de prendre du recul est de rechercher les sources scientifiques et philosophiques de ce renouveau des idées de la droite conservatrices.
Avec les découvertes récentes concernant l'astrophysique, les neurosciences, la cybernétique, l'économie, l'environnement, la plupart des fondements intellectuels de la social-démocratie sont mis à mal. Ils ne survivent que par une forme d'inertie, et la plupart des responsables politiques et des journalistes n'ont pas pris la mesure des savoirs nouveaux qui font le succès de la droite d'aujourd'hui.
Quels sont ces savoirs ?
Qu'est-ce que la droite conservatrice ?
Ce qu'on nomme la droite conservatrice est composée de plusieurs tendance mais toutes peuvent s'entendre sur les quatre sujets suivants.
MŒURS. Comme son nom l'indique, cette droite est conservatrice au niveau des mœurs. Pour ses partisans, le comportement humain est encadré par des normes objectives qui sont liées à la nature humaine et ne peuvent pas plus évoluer que les lois de la physique. Ce cadre est un repère qui définit la dignité humaine.
IDENTITÉ. Cette droite est identitaire, c'est à dire qu'elle prône l'affirmation d'une spécificité culturelle nationale. Pour eux "s'affirmer n'est pas s'enfermer". C'est proposer un mode de vie attractif, un repère qui permet l'assimilation.
RELIGION. La droite conservatrice est non seulement croyante mais considère que la religion a un rôle à jouer dans la vie publique, comme le prévoient d'ailleurs les lois sur la laïcité.
ÉCONOMIE. Sur ce plan la droite conservatrice considère qu'une économie prospère repose sur les mérites et la responsabilité des individus, et sur des taxes et un interventionnisme réduits. C'est une politique économique libérale. Attention, le mot libéralisme est à prendre au sens économique et non philosophique.
Nous parlons donc d'une droite conservatrice, identitaire, pieuse et économiquement libérale. D'autres nuances existent, comme le souverainisme et le nationalisme.
Comme nous allons le voir, la plupart de ces sujets ressortent renforcés par les découvertes et les événements récents.
La science au secours de la foi
Tous ceux qui ont visionné une réunion politique de la nouvelle droite conservatrice ont pu constater l'importance du sujet religieux. Les conservateurs sont beaucoup plus à l'aise avec ce sujet qu'il y a dix ans.
Entendons-nous bien, ils ne prônent pas pour autant une religion d'État. Il n'est pas question pour eux d'imposer par la loi les préceptes de leur foi. Cependant il n'est pas non plus question de faire taire leurs convictions et la force qu'elles leur apporte.
D'où vient ce renouveau spirituel ? C'est l'avancée des sciences qui a dé-ringardisé les croyants. En particulier les certitudes qui se sont faites jour sur l'origine de l'univers pointent sur une singularité, la création, et sur une source d'information qui a organisé la matière dès son apparition. Cette source d'information étant extérieure et préexistante à la matière.
Deux autres singularités demeurent inexplicables pour les matérialistes et font douter des scientifiques de haut niveau. Il s'agit de l'apparition de la vie et de l'explication du phénomène de la conscience humaine.
Face à ces trois singularités, les conservateurs sont en position de demander des comptes aux matérialistes, qui n'ont fournit aucune explication malgré des années de recherches qui ont consommé des budgets importants sans résultats concluants.
Au contraire la science a montré à quel point l'apparition de la matière et de la vie sont hautement improbables. La génétique et les neurosciences ont établi qu'entre l'homme et le singe, aucun gène ni aucune particularité du cerveau n'explique l'apparition de la conscience.
Les adversaires de ces thèses sont réduits à supposer l'existence d'une infinité d'univers parallèles dont ils ne peuvent prouver l'existence. Ils sont mis en difficulté et ne peuvent plus exclure l'idée de création et de "dessein intelligent" du champ scientifique.
En France, la présence de l'Islam nous a accoutumé à côtoyer des personnes qui prennent la religion très au sérieux. Il est maintenant délicat pour nos politiques d'ignorer ces questions et chacun est appelé à se positionner sur un sujet qui avait disparu des enjeux électoraux.
Le cas de la conscience humaine
Les neurosciences nous ont promis une révolution dès les années 1990. Grâce à l'imagerie médicale et aux simulations informatiques, on en sait aujourd'hui assez sur le cerveau. En tout cas assez pour affirmer que le cerveau participe au phénomène de la conscience humaine mais n'en explique pas toutes les caractéristiques.
Depuis Damasio en particulier, nous disposons d'un modèle fiable de la conscience animale : la conscience noyau et tous ses avatars ultérieurs. Nous sommes à même d'expliquer les comportements observés chez les animaux.
Par contre les capacités d'abstraction, de jugement, les formes évoluées de langage restent des prérogatives uniques de l'être humain et si elles exploitent certaines zones du cerveau, elles apparaissent plutôt comme des propriétés émergentes, de nature distincte.
Certains chercheurs commencent même à reparler de dualisme, c'est à dire à concevoir la conscience humaine comme un phénomène distinct des organes corporels.
C'est un virage similaire à celui des science humaines qui ont renoncé à relier les phénomènes humains à une cause biologique et n'étudient ces phénomènes que de manière indirecte, par exemple par la statistique, comme si leur sujet d'étude échappait au monde matériel.
Conscience, phénoménologie et morale
Ces découvertes remettent en question la vision matérialiste du monde, ce qui conforte les conservateurs et rend légitime leurs préoccupations morales.
L'être humain revêt une dignité particulière qui le distingue de l'animal, ce qui rejoint les enseignements traditionnels et affaiblit les idées relativistes.
Pour enfoncer le clou, depuis un siècle un champ de recherche spéculative a devancé les découvertes des neurosciences. Appelée phénoménologie, cette discipline est une lointaine descendante du doute cartésien. Et dans ce domaine aussi la France est à la pointe du progrès.
La phénoménologie peut être vue comme une philosophie de la conscience, qui explore la connaissance avec des outils nouveaux. Un des résultats de cette recherche est la nécessité de mise en parenthèse du monde. Il semble bien que le "lieu" de la conscience soit en dehors du monde, de la temporalité et de la causalité.
Avec cette perspective la question éthique prend une nouvelle dimension et on ne peut plus écarter d'un revers de main les textes des immenses chercheurs qui ont précédés les sciences humaines contemporaines. Ceux qui nous parlent de l'esprit et de l'âme paraissent en savoir beaucoup plus que ce que nous imaginions.
La cybernétique et l'exploration de la complexité
En parallèle de la remise en question radicale du matérialisme d'un point de vue scientifique, spéculatif et moral, d'autres avancées scientifiques ont eu des conséquences inattendues.
La cybernétique est une science née au milieu du XXe siècle et qui étudie les systèmes complexes sous l'angle de la propagation de l'information. Cette étude utilise une approche mathématique rigoureuse afin de rendre compte de l'organisation interne de ces systèmes. La cybernétique est à l'origine des algorithmes dits "d'intelligence artificielle".
Un système complexe est constitué d'éléments qui agissent de manière indépendante, sans coordination centralisée et dont il est impossible de modéliser précisément le fonctionnement ni de prédire le comportement de chaque élément.
On avait déjà constaté empiriquement que des systèmes complexes existent dans la nature et qu'ils se comportent de manière coordonnée, comme si une forme d'intelligence collective informait chaque composant du système.
La cybernétique a mis ces phénomènes en équation et à bâtit le concept "d'auto-organisation" ou "ordre spontané". Il s'agit là d'une forme d'ordre qui ne nécessite pas l'action d'une influence extérieure centralisé. Ce type d'ordre échappe totalement à la prévision et à la planification car il est impossible de rassembler simultanément l'état complet de tous les éléments du système.
L'économie, la société, le contrôle
De nombreuses théories anciennes sont venue se rafraîchir à la source de la cybernétique et en sont ressorties rajeunies. L'économie en particulier a trouvé des réponses définitives aux questionnements qui la déchirait depuis l'apparition de l'économie dirigée et du keynésianisme.
En effet l'économie peut rigoureusement être décrite comme un système complexe, ce qui permet de valider de manière objective le fameux principe de "la main invisible du marché" cher aux précurseurs de l'économie libérale.
Cette découverte s'ajoute à la chute des régimes communistes qui ont croulé sous le poids de leur erreur économique majeure : en voulant contrôler l'économie il l'ont rendu inefficace. En voulant partager la richesse, ils ont diffusé la pauvreté.
Dans le registre social / sociétal, le constat est le même. La société humaine est un système complexe où chaque agent prend ses décisions de manière autonome. Toute tentative d'orientation des décisions est vouée à l'échec ou tend vers le totalitarisme.
En suivant les enseignements de la cybernétique, il apparait que l'économie et la société sont des domaines qui sont hors de portée de l'action politique. L'État doit surtout veiller à garantir la liberté locale des "agents" économiques et sociaux, tout en assurant les missions qui lui sont propres, en particulier l'ordre publique.
Mutation de l'intégration mondiale
Telle une tour de Babel, le projet de société intégrée au niveau mondial nous paraissait à portée de main. Un projet de synchronisation culturelle semblait bien avancé en occident.
Mais la construction de la tour de Babel piétine et on voit chaque nation réclamer le retour à son identité nationale. Comme l'affirme la doctrine conservatrice, la nation se révèle être l'échelon le plus élevé et le plus efficace d'intégration. Au delà le mur de la complexité parait rendre contre-productive toute tentative d'organisation.
Aujourd'hui la tour de Babel s'effondre sous son propre poids et chaque tentative de parer aux défis de notre siècle par une plus grande intégration se retourne contre nous.
Passons en revue les défis que propose notre époque, la réaction des politiques social-démocrate et ses conséquences.
Le défi de la prospérité
La politique économique libérale a compris la nature de l'économie qui est de produire des richesses à partir des qualités humaines. Une de ces qualités est la prudence, la tendance à l'épargne, et à la modération. L'économie libérale favorise aussi l'audace et les investissements lorsque les conditions le permettent. Les gens prévoyants comme les audacieux sont favorisés et aiguisent leurs qualités.
Le projet social-démocrate ne respecte pas cette nature et perverti l'économie en redistribuant les richesses sans condition de mérite individuel et en rendant la prévoyance obligatoire.
Ces mesures sont typiques d'une tentative de contrôle d'un ordre auto-organisé, elles nécessitent pour être efficace une connaissance de la situation et du comportement de chaque acteur de l'économie (inquisition fiscale) afin de calculer l'effet des mesures politiques.
Mais lorsque une intervention est décidée deux facteurs s'opposent à son succès : d'une part la situation des acteurs à changé, d'autre part les acteurs prennent en compte l'intervention et modifient leur comportement.
Les conservateurs ont maintenant les éléments scientifiques (la cybernétique) et historiques (échec du communisme) pour être assuré de l'inefficacité de la politique économique social-démocrate. Comme le Tea-Party aux États-Unis, ils peuvent avancer à visage découvert et exiger le retour à une économie non dirigée.
Le défi de l'environnement
On prend aussi conscience d'une autre conséquence atroce de la recherche de "justice sociale par la redistribution". La redistribution enrichit indistinctement sans condition de mérite, ce qui provoque des comportements de sur-consommation, d'irresponsabilité, de pillage et de gaspillage.
En conséquence nous avons généré une demande qui n'a plus le frein de la bonne gestion, et nous avons exploité l'environnement pour tenter de satisfaire cette demande.
L'économie chauffée à blanc à produit toujours plus de richesses qui sont réparties sans mérite et accélèrent la demande, jusqu'à la catastrophe environnementale.
La stratégie social-démocrate face à la crise écologique est une intégration plus poussée, qui mène à une redistribution plus massive qui contribue à accélérer le problème. Une telle intégration implique une inquisition fiscale sans précédent et un mode de vie bureaucratique qui ressemble de plus en plus aux caricatures de l'époque soviétique (on pense au film Brazil).
Un autre choix, prôné par les conservateurs, est le recours à la sobriété et à la responsabilité individuelle au sein de petites communautés, ce qui implique un train de vie plus modeste dont le modèle est la vie monastique, qui n'implique aucun contrôle de l'État. En matière d'environnement aussi les conservateurs portent des solutions réellement durables.
Le défi de la santé
Dans ce domaine, la prévoyance obligatoire est également contraire à l'ordre naturel bien connu des conservateurs et qui régit le comportement humain.
L'expérience de la social-démocratie fait apparaître deux limites dans ce domaine. La plus connue est la médicalisation de la vie. Les individus réclament une santé qui est devenu un droit, et ce besoin n'a pas de limite. L'être humain réclame toujours plus de santé et de bien être.
Le problème c'est que cette demande déraisonnable étant financée par la prévoyance obligatoire, elle est devenue solvable, et l'économie a naturellement mis en face une offre adaptée.
L'avènement de "big-pharma" est inscrit dans le programme social-démocrate. En donnant à l'État la capacité de financer les besoins de santé du quotidien, on a donné naissance à des industries gavées d'argent public et qui nous promettent une vie sans souffrance.
Le second problème aggrave le premier, c'est la déresponsabilisation des individus par rapport à leur santé. Si la santé est "gratuite", alors je n'ai pas à faire d'effort pour la conserver, et en cas de problème de santé je me tourne vers la médecine qui doit restaurer mon état et limiter mes souffrances.
La stratégie défendue par les conservateurs est radicalement différente. D'une part leur fibre libérale leur interdit de confier la santé aux mains de l'État, d'autre part ils s'appuient sur une tradition médicale ou chacun est en grande partie responsable de sa propre santé, par l'exercice et l'alimentation, comme l'expliquaient déjà les grecs il y a 2500 ans.
Dans ce domaine aussi la recherche scientifique contemporaine rejoint la doctrine conservatrice et l'État reprend le slogan "manger-bouger".
Le défi de l'éducation
La stratégie des démocraties occidentales en matière d'éducation se fonde sur une anthropologie incomplète. Et de toute leurs forces, les enseignants tentent d'appliquer une stratégie qui ne répond pas aux besoins des enfants. Et sans le vouloir ils causent des dommages importants.
Dans ce domaine la science officielle est rendue impuissante car la connaissance des besoins de l'esprit est au cœur de l'éducation, et cette connaissance est par définition inaccessible à l'exploration matérialiste.
Cependant le constat d'échec des stratégies d'éducation occidentales est bien documenté, et accessible à tous les parents. D'ailleurs de plus en plus d'entre eux se tournent vers des établissements religieux.
En France la situation est particulièrement claire : il n'y a pas de problème de moyens. L'éducation est le premier budget de l'État depuis des décennies.
L'anthropologie des conservateurs leur donne un avantage décisif en matière de pédagogie. Malgré l'école, sans elle ou contre elle, ils parviennent à transmettre aux enfants un socle de savoirs et de qualités, une fondation solide sur lequel les jeunes peuvent bâtir leur vie.
Le défi du bien-être
Dans le registre de la santé mentale, les sociétés occidentales social-démocrates font face à leurs erreurs. Quiconque a voyagé dans des pays dits "pauvres" a rencontré des gens qui vivent dans le dénuement mais font face avec courage, soudés dans leur couple, ils élèvent leurs enfants et meurent dans la dignité.
A l'inverse, les occidentaux éduqués ont connu une croissance incroyable de leur niveau de vie sur les deux cents dernières années, et qui s'est encore accéléré depuis deux générations. Et pour arriver à ce résultat ils ont dévasté la planète.
Et pourtant ils sont minés par l'angoisse, le stress, les séparations. Ils ont peur de la mort et ne savent plus éduquer leurs enfants. Ils mettent tout cela sur le dos des "inégalités" en tout genre et voient dans la redistribution la seule réponse. Ils veulent éteindre un brasier avec du kérosène.
Dans ce domaine la doctrine conservatrice donne des pistes intéressantes qu'il est difficile d'argumenter en quelques lignes et que la science commence à entrevoir. Le plus haut d'organisation de l'être humain n'est pas son cerveau mais son esprit. Et la satisfaction des besoins matériels est psychologique ne comble pas l'esprit.
Les sages nous enseignent que l'esprit est aligné à la recherche du Bien, du Bon et du Beau. Et ces mots nous font tourner nos regards vers des horizons bien différents.
Cohérence
Ainsi la doctrine conservatrice est sortie renforcée par l'évolution des connaissances et par les échecs des doctrines social-démocrate. La vision conservatrice englobe la religion, les mœurs et l'économie dans un tout cohérent à la fois compatible avec le discours scientifique et dans la continuité des enseignements du passé.
Grâce aux efforts des chercheurs et des philosophes, le conservateur peut réhabiliter les thèses qui lui sont chères et qui avaient été traitées avec mépris par les sociaux-démocrates.
Les croyants, en particulier les jeunes, accueillent avec enthousiasme ces données nouvelles, laissant perplexes la génération précédente qui tenait pour acquise la nécessité de taire ses convictions profondes, voire de les remanier.
L'ancienne génération avait à peu près abandonné la défense de la morale au profit du relativisme, la défense de la foi au profit de la discrétion, et la défense de l'économie au profit de l'égalitarisme social.
Quel que soit le résultat des prochaines élections, on peut constater que les thèmes conservateurs ont changé le paysage politique Français.
Dans un prochain article, nous nous attarderons plus sur le volet identitaire de la doctrine conservatrice et son rapport au nationalisme.
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