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05 - Ascèse et droit naturel


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Le grand marché des idées

Si la morale peut être vue sous son aspect objectif, pourquoi tant de personnes ne parviennent pas à lui accorder crédit ?

Il est assez simple de comprendre la logique des préceptes moraux, mais il est beaucoup plus difficile de leur accorder de la valeur. La plus grande partie de ma vie j'ai accepté l'idée que la morale soit uniquement un phénomène culturel et je vivais très bien comme ça.

Et lorsque je me retrouvais face à la culpabilité où à ses conséquences psychologique, j'avais recours aux idéologies à la mode pour me refaire une conscience et reporter le problème sur "les autres", la société, les riches, etc.

Et ces idéologies ne manquent pas ! Psychanalyse dévoyée pour ceux qui ont un problème avec la continence, certaines nuances du marxisme pour ceux qui ne veulent pas affronter la vie d'adulte responsable, écologie punitives, transhumanisme pour tenter d'échaper à la nature humaine ...

Chacun de ces courants comporte une part de vérité, mais je pense qu'ils permettent aussi à beaucoup de personnes de détourner les yeux de leurs problèmes immédiats et de s'abandonner à un certain laisser-aller dans leurs comportement.

A l'inverse, aujourd'hui je trouve absurde de croire que la source de nos décisions le plus importantes, celles qui nous engagent envers les autres est un "contrat moral" implicite mis au point par les sociétés humaines, et sans aucun fondement objectif et transmis par la culture.

Et je cherche à comprendre pourquoi "avant" je me contentait de réponses aussi pauvres que "ne fait pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse".


Complaisance et conformisme

Dans mon cas je peux mettre cet aveuglement sous le compte de deux forces qui se soutiennent: la complaisance et le conformisme.

La complaisance envers soi-même c'est accepter et camoufler mes faiblesses, mes excès, mes lâchetés, mes renoncements. C'est progressivement nier que je fait le mal, que je fait du mal à l'autre. Au début la complaisance ne concerne que des actes sans gravité, puis de paresse en négligence on finit pas se trahir ou trahir ses proches.

La complaisance nous pousse à chercher un remède à la culpabilité, et à accepter tout discours qui relativise la morale et minimise notre responsabilité. Et c'est ainsi qu'on glisse dans le conformisme.

Le conformisme est lié à notre environnement culturel. Si une personne publique m'incite à abandonner les préceptes moraux ou à en amoindrir la portée, alors j'ai tendance à la croire, sans chercher à approfondir sa pensée ou ses argument. Et dans la France où j'ai grandit, le discours relativiste moral a peu à peu envahi tout l'espace public.

Chez d'autre personnes le refus de la morale objective aura d'autres causes. Certains ont connaissance de cette morale mais la rejette car ils estiment qu'elle est une violence, une cause d'intolérance. D'autres pensent qu'elle prive l'individu de sa liberté (voir épisode 6).


Comment calibrer sa boussole morale

Toutes ces options se discutent, et sont largement défendues aujourd'hui, cependant il y a de bonnes raisons de penser que la part objective de la morale est un chemin vers l'équilibre émotionnel et une source de vie.

Mais comment lutter contre la complaisance et le conformisme ? Pour le conformisme il faut lire de bon livres, écouter de bons enseignements. Mais pour se tourner vers eux il faut déjà avoir tourné le dos à la complaisance.

Vouloir rechercher la sagesse sous l'influence des passions, c'est comme placer un thermomètre dans un four et de l'en sortir pour lire la température extérieure, c'est comme chercher le nord en plaçant sa boussole devant un électro-aimant. L'outil même qui vous aide à vous repérer est sous influence.

Alors comment faire ? Il faut passer par une étape de calibrage. Faire confiance aux témoins qui nous parlent de notre boussole morale et chercher à en retrouver l'usage. Voici mon témoignage (en accéléré).


Au hasard de la vie ... l'ascèse

Au début de ma recherche, il y a en moi des désirs sains, droits et équilibrés, et d'autres qui sont désordonnés et malsains. Toute la difficulté c'est que la raison, l'outil qui me permet de les départager est parfois sous l'influence de ces désirs malsains.

Et comme je ne savais pas quelles influences étaient bonnes, l'outil dont je me servait pour juger n'était pas encore calibré, je ne parvenais pas discerner l'objectivité morale.

Des circonstance extérieures à mon questionnement m'ont amené à me couper temporairement de toute source de perturbation. En particulier j'ai du changer d'alimentation, j'ai travaillé à distance, j'ai fréquenté peu de gens et la vie familiale m'a imposé un rythme de vie très régulier.

Durant cette période, j'ai expérimenté le jeûne et j'ai été en contact de plus en plus fréquent avec la nature. J'ai accepté la privation de liberté que représente l'éducation de jeunes enfants.

Après une année environ de cette vie "monastique", j'ai entendu les propos d'un auteur qui défendait la sagesse occidentale et pour la première fois, j'ai été sensible à ses arguments.


Alignement

J'ai entendu les mêmes mots que j'avais entendu jadis, mais ils prenaient un sens différent : les valeurs, la transmission, les passions, la raison, la volonté. J'étais prêt à recevoir des enseignements différents et à les assimiler, à les expérimenter, à les vivre et pas seulement à les penser.

Des années après, en y repensant, j'ai fait le lien entre cette période d'ascèse et l'accès à la vie spirituelle. Je ne l'explique pas vraiment, pas autrement que par une sorte d'accalmie interne, de silence qui a permis à ma boussole morale de retrouver le nord.

Et depuis je sais reconnaître cette sensation d'alignement. Parfois je la perd, ça arrive souvent, je ne serai jamais complètement sorti de la complaisance. Mais dans ces cas je sais retrouver cette sensation.

Est-ce que cette expérience est valable pour d'autres ? Dans quelle mesure mon caractère paisible et contemplatif a joué un rôle ? Toujours est-il que dans le cas de la sagesse occidentale je pense que comprendre ne suffit pas, il faut aussi passer par une étape de dénuement, d'allègement, de consentement et d'acceptation.


Rébellion

A partir de cet état d'esprit, il devient possible de se sonder soi-même et de trouver ce "mode d'emploi" de la "natura" humaine qu'est le droit naturel (épisode 4).

Sans une telle démarche, vous risquez de vous laisser entraîner vers d'autres voies séduisantes, qui vous feront rejeter ces enseignements. Complaisance, conformisme, idéologies ... tout sauf accepter qu'une partie de notre vie intime obéit à des lois qui nous sont imposées par la nature.

L'esprit de rébellion qui règne aujourd'hui est la manifestation de ce refus. Rejeter les règles et les lois apparaît comme un signe de liberté d'esprit.

Mais au fait, est-ce que si j'accepte le principe d'une loi morale naturelle je perd ma liberté ? Et si c'était exactement le contraire ?


La suite au prochain épisode ...

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