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03-Cibler la paix

Série "les fondements objectifs de la morale", épisode 3.

Avec des repères moraux solides, l'enfant peut viser juste dans sa recherche du bonheur. image pixabay


La morale jetable est un rapport de forces


En France nous sommes habitués à des vies tristes : séparations, état dépressif, frustration professionnelle. D'autre part nous sommes témoins et acteurs des "mouvements sociaux" qui paralysent notre pays. Et si ces deux phénomènes étaient liés ?


En réponse à ses problèmes, nous avons mis en place des "organismes" et des "dispositifs" bureaucratiques qui tentent d'atténuer les inégalités et de protéger des revendications qui sont devenues des droits. Mais cette démarche ne passe-t'elle pas à côté de la cause profonde des problèmes dits "sociaux" ?


On a vu que lorsque on définit rigoureusement les mots qu'on emploie, la morale repose sur des réalités objectives. Je voudrai témoigner des conséquences de cette démarche au niveau individuel, et m'interroger sur l'échelle collective puis sociale.


A l'inverse si la morale est vécue comme un choix individuel ou un contrat social collectif encadré par la loi, comme c'est le cas en France, peut-on fonder une société forte et pérenne sur ce principe ?


La canalisation de la pensée


La position que défend la sagesse occidentale est qu'il existe en l'être humain un ordre, qui, si il est respecté, permet à l'individu d'atteindre son potentiel avec un minimum d'efforts et de gaspillage.


A l'inverse, le régime moral contemporain ne respecte pas cet ordre et l'individu est sommé d'atteindre son potentiel à l'aide de "dispositifs" collectifs qui nourrissent des "organismes" qui font de leur mieux mais ne peuvent rivaliser avec le fonctionnement naturel de l'être humain.


C'est comme si la pensée de l'occidental éduqué était canalisée pour alimenter une idéologie hors-sol, et ce canal traverse des terres fertiles sans les irriguer. A l'inverse, accéder à une pensée morale plus objective permet de briser le canal à sa source et le fleuve de la pensée reprend son cours, et redonne vie à notre vie.


La paix intérieure


Je peux témoigner que, au niveau d'un individu, reconnaître et accepter les fondements objectifs de la morale permet une reconnexion avec notre vie spirituelle, qui provoque une sensation d'alignement qui a un effet à la fois vivifiant et apaisant.


Vivifiant car connaitre la nature des courants qui structurent notre esprit permet de mieux les exploiter pour atteindre les objectifs qui sont importants pour nous.


Apaisant car on peut viser juste dans notre recherche du bonheur, notre conscience est en paix car nous savons comment faire pour aligner nos actions et notre "natura" profonde (plus de précision sur la natura dans l'épisode 4).


Nous pouvons donner leur juste place aux pulsion animales qui sont en nous, tout en sachant comment les hiérarchiser et les diriger vers leur fin naturelle. Nous sommes responsables de nous-même, sans les "organisme" publics et leurs coûteux "dispositifs".


Et si nous rencontrons un obstacle, si il nous arrive un malheur, nous avons pris l'habitude de compter sur nous-même et nous trouverons en nous les ressources pour affronter la situation.


La paix collective


En plus d'être un guide pour notre vie intérieure individuelle, la morale a aussi un rôle collectif. Une loi intérieure objective rend possible la paix sociale sans le recours à un État inquisiteur et tout puissant.


Lorsque je ne connaissais que la morale relativiste, je faisait des choix éthiques sans parvenir à les justifier. Je crois que, comme la plupart des gens, je dispose d'une boussole morale suffisamment performante pour me permettre de conserver une certaine droiture morale malgré l'absence d'éducation dans ce domaine.


Cette boussole vous permet de faire des choix en toute autonomie, sans consulter un juriste ou un règlement administratif et c'est suffisant pour la plupart des situations. Si nécessaire je peux faire appel au conseil d'une personne expérimentée et sage.


Dans un groupe qui se réfère à la morale objective et dont les membres s’entraînent à percevoir les indications de leur conscience, il est possible de vivre en harmonie avec le minimum de règles écrites et figées dans le marbre.


Si des conflits d'intérêt éclatent, comme dans tous les groupes, des voies de conciliations existent car chacun respecte les mêmes règles et que ces règle ne changent pas d'une génération sur l'autre.


La paix sociale


A une autre échelle, dans une société unanime du point de vue moral, il existe une forme de "pression sociale" qui (pour aller très vite) met à l'écart les personnes en état de faute morale. Il n'est pas nécessaire de faire appel à la justice et chacun est responsable de sa réputation.


Cela peut sembler dur à vivre et implique une limitation de la vie privée telle que nous sommes accoutumés à la vivre. Mais en soi ça n'est pas un procédé dégradant et l'exposition de la vie privée reste limitée au cercle des proches.


De cette manière la justice peut rester neutre, indépendante et peu intrusive, elle intervient pour des questions de trouble à l'ordre publique et ne se permet pas de statuer sur une "atteinte à la réputation" ou une "incitation à la haine".


De ce point de vue, la paix sociale repose sur une loi morale uniforme parce qu‘objective, et un État qui se mêle seulement de ce qui le regarde.


En eaux troubles


Cependant nos sociétés sont agitées par toutes sortes de conflit internes, on parle de conflits sociaux, de fracture sociale, voire de guerre sociale. D'où viennent ces conflits ? Ont-ils toujours connu cette ampleur ?


Maintenant faisons la révolution, soyons rebelle, rejetons toutes ces lois morales rigides iniques qui favorisent seulement les riches ! Tous ensemble ! Fondons une morale sur la recherche d'un consensus.


A nouveau je dois aller très vite : il existe en chacun des forces passionnelles qui s'opposent à la loi morale, et une telle révolution va déchaîner ces forces et empêcher l'individu de retrouver son ordre naturel.


Et là viennent les séparations, dépressions, vies tristes dépourvues de sens. Dès lors la paix intérieure est plus difficile à atteindre. Seul peuvent me tranquilliser la réussite matérielle ou les plaisirs sensibles et l'atténuation de la souffrance.


Quand l'État remplace la conscience


Rechercher une morale de manière spéculative sans la relier à un donné de la nature, conduit en pratique à déclarer un état de révolution permanente, qui sera remporté par le groupe le plus puissant et le plus influent, jusqu'à ce qu'un autre groupe prenne sa place.


Ce groupe va tordre les règles de morale dans le sens qui l'avantage, ce qui va générer des injustices. Pour parer à cette situation, les démocraties modernes ont fait le choix de remplacer la morale objective par une vision légaliste des droits de l'homme.


Dans la situation antérieure l'État s'occupait essentiellement de l'ordre public et des risques de conflits avec d'autres États. Mais comme les conflits sont maintenant internes, et que le recours à la pression social est limité, on retourne les forces de l'État contre ses propres sujets.


La fuite vers l'imaginaire


Dans le régime des droits à ..... (complétez avec la mention de votre choix), les gouvernement sont sans cesse débordés par des conflits moraux qui ont dégénéré en conflits sociaux. En réactions ils votent sans cesse plus de lois qui ne font que graver dans le marbre de nouvelles injustices.


L'arrivée des médias de masse et des jeux vidéo a encore accéléré le mouvement en exposant les individus à un monde virtuel qu'ils composent eux-mêmes, ce qui les isole du réel et des règles morales qui en font partie.


Un tel état de guerre de tous contre tous et de fuite dans l'imaginaire rend la société vulnérable, limite l'efficacité de son éducation, de son économie, de sa défense. Une telle société est une proie toute trouvée pour une société plus stable et plus unanime.


Conclusion


En respectant une définition objective de la faute morale et en acceptant de s'en remettre à une régulation des comportements par la "pression sociale", il est possible de faire advenir la paix sans gaspillage et en restant libre.


Si nous nous y opposons, nous nous dirigeons vers un autre type de paix, une paix régie par l'État dans ses moindres détails au moyens des "dispositifs" et des "organismes". Mais une telle société est-elle capable de se maintenir ? N'est elle pas appelée à s'affaiblir et être remplacée par une société plus unanime ?


Pour ma part il me semble que la culture de l'occidental éduqué et la société qui en résulte s'affaisse lentement sous son propre poids et que d'autres cultures occupent le terrain laissé libre. Des cultures qui ne sont ni sages, ni occidentales, ni civilisées.


Pourtant, chacun à note échelle, nous pouvons retrouver le chemin de la civilisation. Pour atteindre le bon état d'esprit, il est nécessaire de partir d'une bonne définition de l'être humain. C'est ce que nous allons faire dans le prochain épisode.

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