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Cerveau et esprit (1/2)



Le cerveau et l'esprit

Les psychiatres, les psychologues et les chercheurs en neurosciences s'interrogent depuis plus d'un siècle sur le phénomène de la conscience. Qu’ont-ils découvert ?

La sagesse occidentale, elle, affirme que l'être humain est doté d'un organe capable de manipuler des réalités non matérielles, et que cet organe n'est pas matériel.

L'existence de l'esprit s'impose à la raison lorsqu'on réfléchit aux capacités humaines. Cependant un problème spécifique n'a jamais été résolu : comment l'esprit et le cerveau communiquent-ils ensemble ?

Pour ma part je n'ai pas la prétention de savoir, ma position a évolué depuis le scepticisme qui n'avait même jamais envisagé l'existence de l'esprit jusqu'au doute raisonnable qui analyse les réalités humaines, recueille des preuves indirectes et constate qu'elles s'accordent avec l'hypothèse de l'esprit, de même que les faits astronomiques sont des preuves indirectes du Big Bang. Pourtant on ne pourra jamais observer directement le Big Bang.


Note : Ce texte puise largement dans un texte intitulé "Le corps et l'esprit : quelles relations ?" écrit par Didier Houzel.


La princesse et le philosophe

La question du lien "corps - esprit" a été l'objet d'échanges de point de vue entre deux personnages historiques célèbres, la princesse Élisabeth de Bohême et le philosophe René Descartes.

La princesse, avec justesse, demande "Comment l’âme de l’homme peut-elle déterminer les esprits du corps, pour faire les actions volontaires". Les réponses de Descartes qui nous sont parvenues ne tranche pas la question. Il fait l'hypothèse d'un organe de liaison situé dans le cerveau qui lie les deux aspectes de notre personne.

Cet organe serait comparable à nos "box" et nos modems internet qui transforment le signal reçu par le câble en ondes wifi qui se transmettent dans l'air.

Intuitivement il désigne la glande pinéale ou épiphyse, mais sans pouvoir apporter de preuve ou d'explication fine du mécanisme.


La conscience : sujet piégé

Qu'est ce que la conscience ? Quel est la nature et le lieu de ce phénomène que vous expérimentez en ce moment où les lettres que vous lisez prennent un sens dans ... dans quoi ? Dans votre cerveau ?

On peut distinguer deux approches autorisées concernant la question de la conscience. Une approche neurologique fondée sur l'étude du système nerveux et une approche psychique fondée sur l'étude du comportement.

Ces deux approches sont "autorisées", elles ont un lustre scientifique qui empêche toute autre contribution. Depuis le XIXe siècle, les chercheurs qui proposent une autre approche sont écartés de la communautés scientifique.

Pourtant nous verrons que ces deux approches sont compatibles avec les intuitions, les observations et les conclusions de la sagesse occidentale.


Autour de Pavlov

Concernant l'approche neurologique, le premier courant de recherche sur la conscience est appelé "behaviorisme", il est marqué par les découvertes sur système nerveux.


Grandes étapes :

  • l’arc réflexe, Hall, 1841

  • behaviorisme, Watson, 1913

  • réflexe conditionné, Pavlov, 1927

  • "Conditionnement opérant", Skinner, 1935

Ce courant ne s'intéresse que aux comportements extérieurs, stimulus en entrée et comportement en sortie, seuls phénomènes qu'il est possible d'étudier. L'aspect organique, interne, est rejeté comme inaccessible à l'étude, ainsi que l'aspect subjectif.

Ces découvertes sont fondamentales et on alimentée tous les autres courants. À partir de là, la subjectivité a échappé durablement à toute exploration scientifique et la notion d'esprit telle que l'étudie la sagesse occidentale est bannie des études pourvues de crédits de recherche.


La conscience animale de Damasio

Le second courant de l'approche neurologique est celui des neurosciences. L'apport de l'imagerie médicale permet d'observer directement le fonctionnement du cerveau.

Grandes étapes :

  • le Darwinisme neuronal, Changeux, 1983

  • les boucles réentrantes, Edelman, 1992

  • la conscience-noyau, Damasio, 1999

En 1999, Damasio propose la notion de "conscience-noyau" qui décrit finement l'état cérébral de la conscience animale :

  • des stimulations proviennent des sens externes (vue, etc.) et internes (mémoire et imagination)

  • ces stimulations sont intégrées par le cerveau en une perception unifiée

  • cette perception unifiée est un état bio-éléctrique du cerveau qui évolue à chaque instant

Cette conscience-noyau décrit très précisément ce que la sagesse occidentale présente comme la conscience animale, on dit aussi le niveau sensible du vivant.

Avec cette conscience on peut expliquer précisément comment les animaux prennent leurs décisions. Par contre elle ne résout pas la question de la manipulation des réalités immatérielles comme les nombres complexes, la programmation python orientée objet ou la notion de confiance ou d'amour.


La cybernétique

On distingue une troisième courant dans l'approche neurologique, qui cherche à modéliser le phénomène de la conscience, afin de l'étudier indirectement.

Ce courant repose sur la théorie des systèmes complexes ou "cybernétique". Il donnera aussi naissance à la recherche sur l'intelligence artificielle.

Grandes étapes :

  • auto-organisation, Ashby, 1956

  • l'effet papillon, Lorenz 1972

  • l'attracteur étrange, Thom 1972

  • propriétés émergentes, autopoièse, Maturana et Varela, 1980

  • les neurones formels, Hopfield, 1982

  • le cerveau flou, Vincent 1999

A mon avis ce courant a apporté une découverte dont l'importance n'a pas encore été pleinement saisie, en particulier dans ses implications économiques, politiques et morales (implications que j'analyse dans un autre texte).

Cette découverte est celle des ordres auto-organisés, on parle aussi de système dynamique, d'attracteur, bassin d'attracteur, et autre "attracteur étrange". La notion de "propriétés émergente", également rattachée à ce courant me semble également très parlante.

Le recours aux systèmes auto-organisés ouvre la voie à l'assimilation de la conscience à une "propriété émergente" d'un réseau de neurones, ce qui revient à associer la conscience à un phénomène matériel sans pouvoir la réduire à ce phénomène.

Du coté de l'intelligence artificielle, la conscience qui émerge ressemble bien à la conscience animale ou conscience noyau décrite par Damasio, et aucunement à la conscience humaine telle que nous la vivons.


A suivre

Dans la deuxième partie de ce texte nous aborderons l'approche psychique de la conscience.

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